Appel de la fédération SUD éducation
Le mouvement des gilets jaunes a, ce samedi 1er décembre, montré une fois de plus sa détermination, avec plus de 130 000 personnes mobilisées. La sympathie de la population, à en croire les sondages, reste très forte malgré l’acharnement médiatique destiné à le discréditer. En face, le gouvernement n’a qu’une seule réponse : la répression, jusqu’à la menace de l’instauration de l’état d’urgence.
Des revendications qui s’élargissent
La mobilisation est partie de l’augmentation du prix de l’essence. L’exaspération exprimée dépasse aujourd’hui largement ce point de départ. Une partie des mots d’ordre remet dorénavant en cause le mépris du pouvoir en place, les privilèges des plus riches, la faiblesse des salaires. En tant que syndicat ayant combattu les réformes des gouvernements successifs au service du patronat, les deux lois Travail, les budgets d’austérité, les contre-réformes du système éducatif, ces mots d’ordre nous parlent. Bien évidemment, les comportements et invectives sexistes, racistes, islamophobes, lgbtqiphobes vus sur des blocages sont inacceptables. Pour nous, la lutte contre toutes les formes de discriminations et contre l’extrême-droite est une priorité. Il est urgent d’écarter l’extrême-droite de la mobilisation en cours.
Les personnels directement concernés
Sur nos lieux de travail, la mobilisation des gilets jaunes est sur toutes les lèvres. Et pour cause, les mots d’ordre concernent directement les personnels. D’une part, la question des transports est cruciale pour toute une partie des personnels subissant l’éloignement forcé des lieux de vie et des lieux de travail (ZIL, brigades, TZR, contractuels). D’autre part, la difficulté “à joindre les deux bouts” est une réalité pour une grande partie des personnels du fait du gel du point d’indice, et en particulier pour les catégories B et C. Enfin, la destruction des services publics et des solidarités est une réalité qui frappe l’Éducation nationale, l’Enseignement Supérieur et la Recherche mais aussi au-delà, et qui touche de plein fouet l’ensemble des classes populaires tant méprisées par le gouvernement.
La grève comme mode d’action
Ce mouvement pose des questions au syndicalisme tel que nous le pratiquons. Il rassemble des personnes venues d’horizons différents dont beaucoup ne se reconnaissent pas dans le syndicalisme et ne croient plus dans les modalités d’actions que le syndicalisme a du mal à mettre en œuvre. Il y a des raisons à cela : les mouvements sociaux depuis les années 2000 n’ont pas été capables d’imposer le recul des gouvernements successifs.
Pour autant, nous maintenons que la grève est notre meilleure arme pour gagner sur les revendications face au patronat et au gouvernement. C’est effectivement ce qui permet de frapper directement le patronat au portefeuille. Cela dit, chacun-e sait que ce ne sont pas les journées isolées qui feront plier le gouvernement ! C’est donc bien la grève reconductible qu’il faut mettre en débat, populariser et construire sur les lieux de travail.
Pour SUD éducation, la grève et les actions comme les blocages des transports, de flux de marchandises, de l’accès à certains lieux de travail, ne s’opposent pas. Ces dernières semaines, ces blocages sont devenus un mode d’action à part entière. Ils ne remplacent pas la grève, mais permettent de rendre visible la radicalité des luttes. Ne nous en privons pas !
Des luttes qui doivent converger
La mobilisation en cours ne vaincra qu’en faisant converger l’ensemble des luttes. C’est ce qui s’est passé le 24 novembre, dans une certaine mesure, avec la bonne entente entre les manifestations des gilets jaunes et celles organisées par “Nous Tou.te.s”. Ce fut le cas encore ce samedi 1er décembre, avec la tentative des mouvements antiracistes et du mouvement syndical pour rencontrer les gilets jaunes dans la rue à Paris. Cette semaine, un nombre important de lycées ont été bloqués sur des revendications contre les réformes Blanquer, mais aussi en solidarité avec les gilets jaunes.
Pour l’écologie : taxer les profits
Cette convergence, elle doit être tout particulièrement mise en œuvre samedi prochain avec la marche mondiale pour le climat. Il nous faut démontrer dans la rue que le gouvernement, sous prétexte d’écologie, refuse de s’attaquer aux véritables responsables : il privatise et ferme les lignes de chemins de fer, promeut le transport en autocar, ne touche pas aux dividendes du fret maritime, des patrons-ne-s de la route, des entreprises les plus polluantes. À SUD éducation, avec notre Union syndicale Solidaires, nous avons des revendications qui allient écologie et justice sociale : portons-les dans la rue !
Samedi 8 décembre et au-delà
Nous faisons le pari de faire plier toutes et tous ensemble le gouvernement pour obtenir satisfaction.
Pour cela, nous appelons à rejoindre et soutenir les actions des gilets jaunes partout où cela est possible et à participer massivement aux rassemblements samedi 8 décembre, sur les revendications de progrès social et dans le cadre d’une convergence avec l’ensemble des mobilisations en cours, en particulier la marche mondiale pour le climat.
Et au-delà, nous appelons à construire la grève dans la durée, pour que les journées d’action des samedis ne restent pas isolées, en faisant le lien avec l’ensemble des mobilisations en cours et en particulier dans l’éducation.
SUD éducation déposera un préavis de grève spécifique en soutien aux différentes mobilisations en cours.