« C’est normal, on est à Sarcelles ! » [communiqué des personnels en lutte à La Tourelle]

Sud Éducation 95 apporte son soutien aux collègues mobilisé-e-s au Lycée de La Tourelle de Sarcelles.

« C’est normal, on est à Sarcelles ! » est la phrase récurrente que nous, enseignants, entendons au lycée de la Tourelle de la part de nos élèves qu’ils déclinent volontiers : « Il pleut dans la salle de cours, c’est normal, on est Sarcelles », « Les fenêtres ne ferment pas, c’est normal, on est Sarcelles », « Il n’y a pas Internet, c’est normal, on est à Sarcelles », « Il manque encore des chaises et des tables, c’est normal, on est à Sarcelles », « Le prof n’a pas pu faire ses photocopies, on va galérer c’est normal on est à Sarcelles », « Y a pas de chauffage, c’est normal on est à Sarcelles », « On n’a pas de gymnase, juste « un vieux truc qui fuit » et qui est « dégueulasse », c’est normal, on est à Sarcelles », « On a eu 47 % de réussite au bac Es, c’est normal, on est à Sarcelles » ou « Notre salle de ping-pong n’a pas de fenêtres mais le prof est cool, il nous laisse jouer avec nos manteaux, bonnets et gants, c’est normal, on est à Sarcelles ». Alors quand un professeur se fait agresser physiquement par un élève dans l’enceinte du lycée, nous entendons encore « c’est normal, on est à Sarcelles. »

Nous essayons de ne pas faire de vagues mais ce jeudi 3 octobre 2019, au bout de la quatrième semaine de cours effective, nous constatons déjà 4 conseils de discipline, une tentative de blocus d’élèves pour des raisons inconnues, qui s’est soldé par des dégradations de voitures, des départs de feu dans les toilettes ou dans les salles de cours, et une violente agression d’enseignant dans un couloir. Est-ce VRAIMENT normal ? Non.

Malgré tout, au quotidien, les enseignants persistent à faire respecter les règles élémentaires de vie commune d’un établissement scolaire (ne pas crier, enlever ses écouteurs ou sa casquette), enseigner et exercer leur métier, tout simplement.

Le lycée de Tourelle tire la sonnette l’alarme sur ses manques de moyens et de personnels (perte de l’appellation ZEP, effectif par classe élevé, postes vacants, locaux insalubres, besoin d’augmentation des postes de Conseillers Principaux d’Education, etc.) entrainant une nette baisse des résultats aux baccalauréats – généraux, technologiques et professionnels –, sur le climat délétère et violent subi par l’ensemble de la communauté éducative et qui s’est installé depuis quelques années et que de nombreux établissements dans la même situation connaissent.

Malgré plusieurs entretiens avec le rectorat, l’envoi de nombreux courriers, rien ne bouge. Qu’attendent les institutions pour réagir, pour aider l’école de la République et ses enfants à s’en sortir et pour qu’ils aient tous une vraie égalité des chances comme promis par notre Ministre, Jean-Michel Blanquer ?

Ces événements ne sont-ils pas assez violents pour obtenir une réaction des Institutions ?

C’est peut-être normal… On est à Sarcelles.

Le personnel enseignant
du lycée de la Tourelle, Sarcelles, Val d’Oise.