La mise en place complexe, mensongère et dangereuse du télétravail et du tout numérique

Contrairement aux multiples annonces de Blanquer sur différents plateaux de télé et après près de deux semaines de confinement, l’éducation nationale n’est toujours numériquement pas prête et ne s’est pas préparée à gérer autant de connexions. Sur l’ENT 95, il est indiqué « information aux parents : L’accès à l’ENT est ralenti du fait du grand nombre d’usagers souhaitant se connecter. Afin de favoriser la mise en place de la continuité pédagogique pour les élèves et les enseignants, nous recommandons aux parents de ne pas accéder à l’ENT entre 9h et 17h. »
Des problèmes de connexion demeurent à certaines heures et demande une certaine adaptation de la part de tous, parents, élèves et enseignant-e-s.

Affichage erroné et médiatique du tout numérique

Le numérique est régulièrement utilisé par le Ministère comme vitrine pour vanter une école supposée plus moderne et surtout adossée aux entreprises privées dont c’est le fond de commerce. Entre les annonces grandiloquentes et la réalité de terrain, les écarts sont grands : réseaux ou postes en panne, matériel vieillissant et/ou en nombre insuffisant, tablettes hors d’usage… Quand il y en a ! Pour l’enseignement à distance, Jean-Michel Blanquer avait annoncé à plusieurs reprises depuis plusieurs semaines que l’enseignement à distance “a été préparé depuis plusieurs mois”. Mais nous savons que les serveurs du CNED n’ont pas été conçu pour recevoir autant de connexions en aussi peu de temps.  Et depuis le 16 mars, nous avons constaté que les espaces numériques de travail n’ont pas été conçus pour toutes ces connexions . Une fois de plus Blanquer ment et méconnaît le numérique dont il ne cesse de vanter les mérites.

Prolifération des outils numériques et ses dangers sanitaires

Les annonces de Jean Michel Blanquer sur le tout numérique sont également inquiétantes aussi bien pour les parents, les élèves que pour les enseignant-e-s. Personne ne sait où donner de la tête ni comment organiser ce télétravail.

Il est proposé aux parents, aux élèves et aux enseignant-e-s :

  • CNED :
    • de séances pédagogiques en ligne,
    • ma classe ou classe virtuelle
  • la plateforme Lumni, anciennement Francetv Education
  • France Télévisions va proposer des sessions de 52 minutes de programmes éducatifs pour les 8-10 et les 10-12 ans.
  • ENT géré par les enseignant-e-s pour envoyer du travail aux élèves

Face à cette explosion de liens numériques, nous ne pouvons que nous inquiéter sur l’organisation raisonnable de ce télétravail et sur le temps de connexion. Cette prolifération de lien est en contradiction avec ce qui est écrit  dans le BO n°10 du 5 mars: « il conviendra toutefois de veiller, par des exercices ou consignes adaptés, à limiter le temps d’exposition aux écrans, notamment pour les jeunes enfants. » Limiter le nombre de ressources permettrait de limiter ce temps d’exposition.

Il faut également pointer l’absence de formation et de concertation avec les équipes pédagogiques et la surcharge de travail pour les enseignant-e-s dans ce contexte particulièrement anxiogène.
Les personnels n’ont aucune formation sur l’usage des plateformes CNED.
Aucune concertation pédagogique sur la liberté pédagogique et choix des équipes n’a eu lieu.
Les enseignant-e-s ne doivent pas jongler avec tous ces outils afin de ne pas être inutilement surchargé de travail.

Même si l’urgence de la situation a, en partie, empêchée toute concertation d’équipe, les consignes floues du Ministère, la réalité locale dans chaque département ou bassin et le manque de formation sont ressortis de manière criante aux yeux des personnels de l’Education mais également de la société dans son ensemble.

De plus, contrairement à la Belgique, l’absence totale de cadrage créer de fortes inégalités quant à la nature des travaux demandés. Certain-e-s collègues demandent des rendus, d’autres non. Certain-e-s aborderont de nouvelles notions alors que d’autres se limiteront à encrer des savoirs déjà vus en classe. Ces écarts de pratiques dus à un flou artistique national ne pourra que renforcer les inégalités entre élèves, entre établissements, et n’apporte que davantage de stress aux collègues investis auprès de leurs élèves en cette période.

Une profession féminisée à 68 %

Le MEN emploie 814 500 femmes et 322 300 hommes. Dans un ministère féminisé à plus de 68 %, les femmes enseignantes ou AESH et mères sont aussi les grandes perdantes de la mise en place de ce télétravail.

La gestion de cette crise sanitaire et du télétravail est complexe pour tous les personnels parents confinés avec l’organisation d’une triple journée :

  • s’occuper des tâches domestiques et des enfants
  • gérer le suivi du travail de ses propres enfants
  • gérer le suivi du travail de ses élèves

La mise en place du télétravail ne doit pas conduire à un épuisement professionnel des personnels. Il doit être aménagé afin de maintenir de manière raisonnable la poursuite des apprentissages de tous les élèves. Il doit également être aménagé pour les parents qui doivent suivre la scolarité de leurs enfants et assurer le suivi des élèves confinés.

SUD éducation 95 exige :

  • la prise en compte de la charge mentale du télétravail et d’assouplir au maximum l’organisation du télétravail pour le personnel
  • le maintien de la liberté pédagogique et que cesse la prolifération des injonctions du ministre de l’éducation nationale et de ses déclinaisons (de la rectrice jusqu’au chef d’établissement).

SUD éducation 95 rappelle que les ordinateurs et le numérique ne pourront jamais remplacer la présence essentielle de tous les personnels dans un établissement scolaire.
SUD éducation 95 dénonce également le destruction progressive du service public qui entraîne tant de difficultés à gérer cette crise et apporte tout son soutien au personnel soignant.