StopCovid: pas de déconfinement pour nos libertés

Dans cette période de crise sanitaire inédite, les annonces du gouvernement se succèdent à propos des héroïnes et des héros du quotidien, sur le besoin de préserver certains services publics des lois du marché, ou encore sur un hypothétique grand plan pour le service hospitalier. Mais les mesures concrètes sur ces points tardent à être prises quand les mesures sécuritaires, elles, sont beaucoup plus rapides.

L’unité nationale s’acquiert-elle à coups de LBD ?

La plupart des composantes politiques s’accordent sur une unité nationale nécessaire à la lutte contre le virus. Mais la situation est bien différente d’un endroit à l’autre. Une fois encore, les quartiers populaires semblent au cœur de la répression et des différentes problématiques : en effet, dans certains quartiers, les mesures de confinement sont parfois très dures à vivre : promiscuité et insalubrité dans les logements, pauvreté, problème d’accès aux produits de premières nécessités, d’accès au numérique, etc. rendent les conditions de vie bien plus compliquées.  Le Canard Enchaîné a d’ailleurs récemment  publié un article à propos d’une crise alimentaire qui pourrait toucher entre 15 et 20000 personnes en Seine-Saint-Denis, département aux conditions comparables à celles du Val d’Oise. Et bien sûr, des départements entiers subissent les conséquences d’une baisse de moyens dans les services publics actée par tous les gouvernements depuis des décennies.En France, tous ces problèmes liés au confinement, mais également de nombreuses images montrant des violences policières lors de contrôles ont entraîné les premières étincelles dans des quartiers populaires. Mais alors que ces problèmes se posent, et que des milliards sont injectés pour « sauver l’économie », très peu d’argent est utilisé pour palier ces manques et assurer le minimum vital à certaines populations. Une fois de plus, les quartiers populaires sont délaissés, n’ont aucun soutien étatique, alors qu’ils sont en première ligne face à la répression de l’État.
Dans l’Éducation, alors que les personnels dénoncent régulièrement le manque de moyens et les problèmes liées aux politiques libérales appliquées aux Services Publics, des budgets sont alloués pour des projets éloignés des problématiques éducatives du terrain. Par exemple, le Service National Universel, dont la création est estimée entre 1 et 1,5 Milliard d’euros, a été financé sur le budget de l’Éducation nationale.Malgré l’autosatisfaction affichée du ministre Jean-Michel Blanquer concernant la situation de l’Ecole et de la mise en place de la « continuité pédagogique » pendant le confinement, l’Institution manque clairement de moyens et de matériel pour pouvoir suivre les élèves. La réponse à tous ces problèmes ne peut être l’affichage du drapeau français, de la Marseillaise dans les classes ou la création du SNU. L’Éducation, comme la Santé ou tout autre Service Public, a besoin d’un grand plan d’urgence et non de belles promesses.

StopCovid, un stockage de données personnelles sous couvert de sécurisation des individus ?

Les recherches des pays concernant cette application ont commencé très vite après le début de la crise et dès les premières évocations du déconfinement. La France n’a pas dérogé à la règle.Des applications sont en développement mais elles présentent déjà deux potentiels problèmes : d’abord, elles semblent techniquement inopérantes. En effet, la fiabilité des tests est actuellement contestée et les risques de faux positifs sont très importants, ce qui réduirait considérablement l’efficacité des applications et donc rendrait leur utilisation peu intéressante, voire contre-productive.Ensuite, l’utilisation se ferait grâce au Bluethooth pour garantir l’anonymat des utilisateurs et utilisatrices. Mais les données seraient conservées sur des serveurs centralisés qui donneraient un code d’anonymat à chaque personne utilisant l’application. Mais, dans ce contexte  où les politiques sont parfois tenté-e-s de faire des réponses précipités qui pourrait garantir que ces serveurs sont sûrs et sécurisés ? En effet, les risques de récupération de données par les gouvernements semblent être un vrai souci.Nous sommes donc particulièrement inquiet-e-s à propos de l’expérimentation de ce genre d’applications, qui pourrait dériver vers des expériences de contrôles de populations. Mais ces applications ne sont pas les seuls risques liberticides et dangereux pour la démocratie de la période.

Multiplication des outils de surveillances : Que penser des moyens alloués aux dispositifs de surveillance et de répression quand les services publics vitaux en manquent cruellement ?

Pour rappel, alors que l’investissement dans les services publics et l’aide aux associations est en baisse constante, que les hôpitaux manquent du matériel de base (masques, gel hydroalcoolique, respirateurs etc.), que l’ensemble des services publics manquent de personnels car les services publics doivent devenir « rentables », les achats de matériel de répression, eux, ne cessent d’augmenter. Le 3 mars 2020, en pleine crise du coronavirus, le gouvernement passe ainsi un appel d’offre pour plus de 3,6 Millions d’euros pour acheter du gaz lacrymogène. Mais cet appel d’offre, ainsi que les dépenses liées au SNU, ne sont pas les seules dépenses concernant la « sécurité ». On peut ainsi régulièrement voir des utilisations de plus en plus poussées de nouvelles technologies  comme l’utilisation accrue d’hélicoptères pour la surveillance des villes (ou précédemment des manifestations) la présence démultipliées de drones dans plusieurs villes de France, caméras thermiques, de reconnaissance faciale, ou scannant les visages pour contrôler le port des masques, etc. Tout ceci coûte des milliards d’euros à l’Etat et sont souvent de juteux contrats pour les sociétés privées vendant des armes alors même que d’autres secteurs, comme la Santé, l’Education, les transports, ont un besoin urgent d’investissement.
Une fois de plus, les seules mesures concrètes sont en faveur de la répression, et de la surveillance généralisée de la population, aux dépends du bien commun et de la solidarité. 

  • SUD éducation 95 dénonce cette course au tout sécuritaire
  • SUD éducation 95 demande à ce que la lumière soit faite dans toutes les affaires de violences policières ces derniers temps et ces dernières années et que le harcèlement policier exercé sur les populations des quartiers populaires cesse. 
  • SUD éducation95 demande un véritable plan d’investissement dans les Services Publics
  • SUD éducation exige la suppression du SNU et la réattribution des financements à l’Éducation nationale