SUD éducation 95 dénonce les violences policières

A l’heure des différentes mobilisations contre les violences policières et le racisme d’Etat, SUD éducation 95 réaffirme son soutien aux quartiers populaires et aux personnes racisées.
Dans les manifestations, ce sont des jeunes, ce sont des élèves, qui ont décidé de dire « stop ». Ces jeunes subissent régulièrement la violence de la police, que ce soit lors des mobilisations contre Parcoursup ou les E3C, à la sortie des établissements par des contrôles réguliers, ou dans leur vie quotidienne.

Les quartiers populaires face à la police: discriminés, réprimés, tués

La violence fait partie du quotidien des personnes racisées et des quartiers populaires, au point où elle est intégrée comme « normale » par certain-e-s habitant-e-s.

Les comportements déviants de la police (insulte, claque, tir au LBD dans le tas) peuvent ressortir lors d’affaires importantes comme ça a été le cas pour Malik, Zyed et Bouna, Adama ou Théo. Durant cette année scolaire, la police a encore tué dans le Val d’Oise. En octobre 2019, l’IGPN a été saisie après la mort d’un motard de 23 ans après un contrôle de police à Villiers-le-Bel. En mai 2020, Sabri, 18 ans, habitant d’Argenteuil est également mort après avoir croisé une voiture de la BAC. Presque à chaque mort dont la police est responsable, la victime est accablée, la plupart des enquêtes sont bâclées et amènent trop souvent à des conclusions de « légitime défense » pour les fonctionnaires.

Quotidiennement, les personnes racisées sont soumises à des contrôles au faciès, où les policiers tutoient, voire insultent les interpellé-e-s. Pendant le confinement, les habitant-e-s des quartiers populaires ont été harcelé-e-s par la police considérant qu’ils et elles ne respectaient pas les mesures de confinement. Il n’était pourtant pas dérangeant de déconfiner ces habitant-e-s quand il fallait produire, encaisser, soigner, nettoyer, ramasser les poubelles… Pire, des images ont montré que des policiers rouaient de coups des hommes et des femmes. Selon l’ONG Amnesty International, pendant cette période, la police a visé « de manière disproportionnée les minorités ethniques ». Ce sont 12 personnes qui ont ainsi perdu la vie.

La violence de la police dans les quartiers populaires est pensée dans une logique systémique, rationalisée et régularisée par l’État. La police est un puissant instrument de domination qui permet de contrôler la population en instrumentalisant la peur et en fabriquant des « ennemis de convenance ». La surreprésentation des victimes racisées lors des contrôles ou des crimes policiers continue d’être protégée par une dénonciation institutionnelle du « mauvais policier ». Cette violence est donc légitimée institutionnellement dans la mesure où toutes les condamnations des policiers sont extrêmement rares. Sous prétexte de conserver un modèle universaliste français, le racisme d’État est nié. Pourtant celui-ci existe dans toutes les instances de l’État, et à tous les niveaux. Celui-ci se repère dans les contrôles au faciès, mais également au travers des politiques migratoires et de la manière dont sont traité-e-s les étranger-e-s ou les immigré‑e‑s. Pendant le confinement, l’Éducation nationale l’illustre par son islamophobie avec une fiche Eduscol stigmatisant une nouvelle fois les musulman-e-s. Ces discriminations sont renforcées par le fait que ces habitant-e-s ne sont pas représenté-e-s politiquement et que les médias leur laissent très peu l’occasion de s’exprimer.

Ces quartiers sont totalement délaissés des pouvoirs publics. Les besoins économiques, sociaux et culturels ne sont pas entendus. L’État marque sa présence par l’autoritarisme et la répression, et supprime les peu de moyens éducatifs que ces quartiers avaient. Depuis 2015, les lycées ne font plus parti de l’éducation prioritaire ce qui augmente le nombre d’élèves par classes et supprime des postes, notamment ceux d’AED. La liste des REP + se réduit d’années en années. La carte de l’éducation prioritaire devrait encore être revue. Nous craignons un désengagement de l’État !

Des volontés de s’organiser pour dénoncer les violences policières

Face à ces violences policières, les quartiers populaires tentent de s’organiser.

Alors que les politiques se plaignent d’un sentiment de net recul de la République par la voie électorale et que les médias n’y voient qu’un terreau du terrorisme, nous voyons de plus en plus de jeunes, voire très jeunes, des quartiers populaires aller en manifestations avec des pancartes réclamant la justice. Quelle meilleure preuve pour les considérer comme des « citoyen-ne-s » que l’on doit écouter ?

Après de nombreuses années de lutte, le comité Adama commence à être reçu par les chaînes de télévision et son combat, en écho à la mort de George Floyd, traverse les frontières. Les manifestations dont le comité est à l’initiative rassemblent de plus en plus de gens. Néanmoins, cette famille continue de faire l’objet d’intimidations de la part de la police, de critiques et de dénonciations calomnieuses de la part du Rassemblement national, mais aussi du préfet de police et de certains médias. Les manifestations pour dénoncer les violences policières et le racisme d’État restent interdites. L’état sanitaire ne peut être un prétexte pour empêcher l’exercice des droits démocratiques.

Fresque réalisée à Stains par le « Collectif Art »

Récemment, l’observatoire national des pratiques et des violences policières et le collectif Urgence notre police assassine viennent de lancer une application pour filmer les forces de l’ordre. Il s’agit d’un outil de surveillance et de protection citoyenne. Très vite, le syndicat Alliance police nationale demande la suppression de cette application. Une trentaine de député-e-s républicain-e-s propose une loi visant à interdire la diffusion d’images et de vidéos de policiers sous peine de 15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement. SUD éducation 95 considère que la police est un service public qui doit être soumis à un contrôle citoyen et à une transparence totale. Ces images et vidéos pourront rendre visibles les violences policières et permettre de rendre justice.

L’heure est urgente, nous ne pouvons pas cautionner plus longtemps l’absence de justice !

Les revendications de SUD éducation 95 :

  • Nous réclamons que justice soit faite sur toutes les affaires où la police est mise en cause pour des faits de violence.
  • Nous demandons que les véritables enjeux des quartiers populaires soient pris en compte et que soient alloués des moyens conséquents.
  • Nous condamnons fermement les violences policières : Les lycéen-ne-s doivent pouvoir venir au lycée et manifester sans craindre une répression dont rien ne justifie la violence.

SAMEDI 18 JUILLET : Manifestation en hommage à Adama Traoré, à Beaumont sur Oise