A l’approche de la journée contre les violences sexistes et sexuelles, nous dénombrons déjà 84 féminicides en France depuis le début de l’année. Pendant le confinement, les violences sexistes et sexuelles s’aggravent : isolement des victimes, cohabitation permanente avec conjoint violent, rues moins fréquentées donc plus dangereuses pour les femmes… Dans leurs discours, aucun ministre n’a eu un mot pour ces femmes. Pire, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de proposer la mise en concurrence du numéro d’urgence. Rien d’étonnant pour un gouvernement accueillant un violeur à l’Intérieur et un avocat défenseur de la culture du viol à la Justice.
Une éducation à l’acceptation des violences
Dans l’Éducation Nationale, nous ne sommes pas exempté-e-s de ces violences. Les jeunes filles continuent de subir des injonctions sur leurs tenues, légitimées par les règlements intérieurs. Blagues sexistes, discriminations, menaces, harcèlement sexuel et moral, rien n’est fait de la part de la hiérarchie pour accompagner et protéger les victimes.
Des violences systémiques
Les violences sexistes et sexuelles s’accroissent pour les personnes LGBTQI, racisées, handicapées, précaires et pauvres… La violence ne provient pas seulement d’individus mais également des institutions et de la hiérarchie par des discours, par l’inégalité salariale, le mépris et les discriminations…
Conditions de travail : des violences spécifiques contre les femmes
En 2020, les femmes continuent de gagner en moyenne 15.5 % de moins que les hommes. Touchées davantage par la précarité, les femmes victimes de harcèlement n’osent pas entreprendre des démarches pour dénoncer ces actes. Rabaissées par des blagues sexistes, des tâches dévalorisantes, ces femmes ne peuvent souvent rien dire sous peine de perdre leur emploi. La crise sanitaire accroît encore la menace de licenciement.
Dans l’Éducation nationale, les personnels les moins payés et exerçant les tâches les plus difficiles sont des femmes. Les AESH continuent de gagner moins que le SMIC, les agentes continuent de faire le ménage et le service à la cantine. Pour préserver la santé des agentes au travail, nous devons être à l’initiative de recherches, d’études pour rendre visibles et faire reconnaître les aspects du travail des femmes qui constituent un risque pour leur santé physique ou mentale. De même, il est important d’assurer une rotation des tâches chez les ATTEE pour ne pas reproduire une division sexuée du travail où les femmes sont le plus souvent assignées aux tâches polyvalentes tandis que les hommes occupent les postes techniques ou de supervision.
Lutter contre toutes les oppressions
L’approche multidimensionnelle refuse la séparation entre les enjeux, prend en considération le caractère global du capitalisme et permet l’imbrication entre logiques capitalistes et logiques d’État. Il est donc important de soutenir encore plus les luttes des femmes qui mêlent ces enjeux, comme par exemple la grève des femmes de chambre de l’Hôtel Ibis des Batignolles, toujours en grève après des mois de lutte et de confinement, ou comme celles des nettoyeuses de la compagnie Onet dans les gares du nord de l’Île-de-France. C’est notamment en versant de l’argent aux caisses de grève de ces femmes, que nous soutenons une lutte de femmes racisées, surexploitées, précarisées dont le capitalisme invisibilise le travail, historiquement féminin, pour rendre confortable la vie des classes moyennes et supérieures. Après 45 jours de grève, la victoire des ouvrières de la gare du Nord a été significative parce qu’elle a mis en lumière l’existence d’une industrie où se combinent racialisation, féminisation, exploitation, mise en danger de la santé, invisibilité, sous qualification, bas-salaires, violence et harcèlement sexuel et sexiste.
Instrumentaliser pour mieux discriminer
Par ailleurs, lutter contre les violences faites aux femmes, c’est aussi prendre en compte les oppressions racistes qui peuvent s’ajouter au sexisme.
En effet, c’est au nom du droit des femmes que certain-e-s s’attaquent aux musulman-e-s en faisant du port du voile un de leurs chevaux de bataille et se donnent comme mission civilisatrice « d’émanciper » les femmes racisées. Les anciens peuples colonisés sont alors accusés d’enfermer les femmes à la maison, de les voiler, d’opprimer les LGBTQI.
Ce “féminisme civilisationnel” discrimine une partie de la population française et devient une réelle violence pour les mères que l’École tente d’exclure.
Dans l’Éducation Nationale, la laïcité et le féminisme sont instrumentalisés à des fins racistes et discriminatoires. Blanquer a, par le passé, demandé aux professeur-e-s de repérer les comportements à risque, les familles qui pourraient poser problème. En janvier 2019, Blanquer affiche sa volonté d’exclure les mères voilées des sorties scolaires. Mais le droit est clair : l’interdiction faite aux femmes portant le voile d’accompagner les sorties scolaires posée dans une circulaire de 2012 a été déclarée illégale par le Conseil d’État de 2013 suite à la saisine du Défenseur des droits.
♀Notre féminisme doit être antiraciste. En tant que personnels de l’Éducation Nationale, nous devons refuser de se mêler au jeu discriminatoire.
♀SUD Éducation 95 revendique une éducation aux sexualités. Afin que cessent les violences. L’école doit permettre une construction aux sexualités, dans une perspective non hétéro-centrée, en insistant sur l’éducation au consentement.
♀ SUD Éducation 95 revendique une égalité salariale et une rotation des tâches.