SUD Éducation 95 a observé une accélération inquiétante des dérives de « l’application des nouvelles directives concernant la laïcité » par certain·es chef·fes d’établissements. Plusieurs lycéennes du Val d’Oise se sont vues refuser l’entrée de leur lycée parce qu’elles portaient des robes jugées trop longues. Dans un autre cas, le chef a même demandé aux AED de dénoncer les filles qui portent des robes longues qui, selon elleux, ressembleraient à des « abayas ». Cette dernière procédure entraînerait une convocation dans le bureau du proviseur pour « un rappel à l’ordre ».
Nous constatons une nouvelle fois que ce sont des jeunes filles qui sont sommées de s’expliquer sur leurs tenues vestimentaires. Il s’agit là d’une nouvelle opération où il est demandé à l’adulte de décider de manière subjective qu’un habit marque une appartenance religieuse. Pour rappel, un des rôles du fonctionnaire est de lutter contre toutes les discriminations : cataloguer des élèves par rapport à leur religion réelle ou supposée et leur interdire l’entrée de l’établissement en fonction de leur habillement va à l’encontre de ces principes.
Il n’appartient pas à l’Éducation nationale et à ses personnels de qualifier la nature de ces vêtements. Défendre la laïcité, c’est défendre la neutralité de l’État et la liberté de croire ou de ne pas croire, en aucun cas la stigmatisation d’une religion.
Nous avons également pu voir que l’extrême droite se frottait les mains et détournait le sentiment d’injustice dont certaines jeunes font part sur les réseaux sociaux pour mettre en avant une supposée « radicalisation ou revendications islamistes » (sic). Nous le répétons ici : l’extrême droite montre encore une fois qu’elle est un danger en mettant en avant des élèves mineures reconnaissables en les mettant à la merci du harcèlement, des menaces et des intimidations sur les réseaux sociaux.
La médiatisation de cette question de l’habillement sous prétexte de laïcité invisibilisent des sujets majeurs et qui ont un impact bien plus important sur l’ensemble des collègues et des élèves : c’est le manque de moyens, les effectifs en hausse dans les classes, les situations d’urgence en ce qui concerne les élèves en situation de handicap, les personnels et les élèves qui subissent chaque jour le racisme et/ ou le sexisme.
Dans le même temps, le ministère et le gouvernement multiplient les atteintes à la laïcité. Le budget 2023 en est l’illustration la plus frappante. Dans les bleus budgétaires, le privé voit son budget augmenter de 6,42%, contre une augmentation de 6,04% dans le premier degré public et de 5,34% pour le second degré public. Cet écart dans la hausse est dans la continuité des budgets précédents, alors même que l’enseignement privé représente déjà plus de 10% du budget de l’Éducation nationale. Rappelons que l’enseignement privé dispense de manière quasiment hégémonique un enseignement confessionnel.
Pour SUD éducation 95, cette situation n’est pas acceptable, et il faut rouvrir d’urgence la question du dualisme scolaire. Face à l’avancée des discours de l’extrême-droite dans nos écoles : ripostons en défendant la laïcité dans l’esprit de 1905. Combattons le dévoiement de la laïcité à des fins de stigmatisation des seul·es musulman·es, notamment à travers de nouvelles polémiques sur les tenues vestimentaires.