Soutien à un collégien menacé d’expulsion

Il y a quelques semaines, un jeune élève de 15 ans est arrivé dans un collège du Val d’Oise pour y être scolarisé en classe de 3e. Originaire de Guinée, il a dû quitté son pays et est notamment passé par la Libye. Mineur isolé, il est finalement arrivé en France et a tant bien que mal commencé sa scolarité dans ce collège en étant intégré au dispositif UPE2A.

A la fin de cette période, cet élève a subi un examen médical qui aurait contredit l’âge que Moussa s’est donné. Le Juge des Enfants a ensuite ordonné une fin de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance et de son hébergement, ainsi qu’une fin de sa scolarité au collège. La fin de prise en charge est actée pour le 2 janvier, juste avant la rentrée, en pleine la trêve hivernale et malgré la très grande vulnérabilité dont souffre cet élève.

Sud éducation 95 dénonce le caractère profondément raciste et dégradant de la remise en question de l’âge des jeunes migrant·es racisé·es, sur la base d’un examen médical – dont l’efficacité n’est d’ailleurs pas prouvée. Au terme d’un parcours migratoire traumatisant, un jeune voit ainsi son identité et sa parole remises en question, face à un examen scientifique froid et déshumanisant.

Il est urgent de protéger la jeunesse. A partir du moment où le·la jeune donne un âge qui n’est pas conforme à celui qui est déterminé par les examens radiologiques, on peut dire que « le doute persiste », et nous rappelons que d’après l’article 388 du Code civil, « le doute profite à l’intéressé » concernant ces examens radiologiques osseux dont la marge d’erreur est reconnue par ce même article* et par des radiopédiatres : «Un enfant qui ne mange pas à sa faim va avoir des carences, notamment en vitamines, et peut avoir un retard d’âge osseux par rapport à son âge civil. […] Les tests ne sont pas fiables et impliquent des marges d’erreur importantes. »

Nous demandons que la présomption de minorité soit respectée, que cet élève soit cru quand il dit avoir 15 ans, et qu’on le laisse poursuivre sa scolarité au collège. La protection des droits de l’enfance est un devoir.

Le cas de cet élève est un exemple parmi d’autres de la politique d’expulsion française. Elle vise ici un jeune isolé, allophone, qui se repose entièrement sur des aides associatives et solidaires pour vivre. Nous déplorons le racisme institutionnalisé qui met en danger nos élèves et ajoute souvent une étape supplémentaire à un parcours déjà lourd, difficile et traumatique.

Sud éducation 95 rappelle son engagement pour la libre circulation des personnes, pour l’arrêt des OQTF (obligations à quitter le territoire français) et des expulsions, pour la délivrance sans conditions de titres de séjour, de vie privée et familiale, pour tou-tes les Jeunes isolé-es étranger·es et de tou-tes les élèves dit-es sans papiers.

*https://www.liberation.fr/france/2020/09/28/tests-osseux-une-methode-d-un-autre-age_1800784/