Comme chaque année, les DHG sont tombées dans les établissements et sans grande surprise, nous avons constaté que la politique du gouvernement hostile aux classes populaires se matérialisait dans nos Collèges et Lycées. C’est de façon très nette que des baisses de moyens ont donc été constatées dans les établissements de Garges-lès-Gonesse et de Sarcelles malgré des hausses d’effectifs attendues quasiment partout.
L’éducation prioritaire ciblée
Lorsque l’on observe les prévisions relatives aux DHG, on remarque assez vite que les établissements REP et REP+ sont particulièrement visés par les baisses de moyens. Sur les 14 Collèges et Lycées que comptent les deux villes, les effectifs augmentent dans 85 % d’entre eux et pourtant, c’est dans les mêmes proportions d’établissements que l’on voit les dotations rognées. On compte désormais le nombre d’élèves par classe sur une base de 30, même en éducation prioritaire !
Ces deux villes qui sont particulièrement touchées par la précarité et le chômage semblent une fois encore devoir payer l’addition des politiques favorables aux plus aisés. La situation n’est d’ailleurs guère mieux dans les autres villes populaires du département.
Redonner du sens au collectif
Alors que partout l’heure est à l’individualisation et au chacun pour soi, les établissements scolaires de Garges et de Sarcelles ont cette fois décidé de prendre une toute autre direction : réhabiliter les luttes collectives et la solidarité. Lorsqu’on parle moyens, la petite musique habituelle est bien connue : celles et ceux qui parviennent à se mobiliser obtiennent quelques miettes supplémentaires quand d’autres moins organisés continuent de subir le fatalisme ambiant et acceptent leur sort en s’arrangeant tant bien que mal pour continuer leurs missions de service public.
Cette situation permet aux autorités de nous mettre en concurrence en versant d’un côté pour prendre de l’autre lorsque nous ne parvenons qu’à obtenir des audiences propres à un établissement. Diviser pour mieux régner, la stratégie est bien rodée.
Mais la similitude des situations vécues est trop éclatante cette fois pour que nous ne parvenions cette année à faire comprendre que d’un établissement ou d’une ville à l’autre, nous sommes visés de la même manière et que c’est donc une réponse collective qui est de mise.
C’est pourquoi le collectif des établissements de Garges-Sarcelles lutte pour l’obtention d’une audience collective permettant de traiter une situation qui ne relève pas du particularisme d’établissements mais bien d’une réalité propre aux quartiers populaires et à l’éducation prioritaire dans ces deux villes.
Ainsi, un premier rassemblement avait lieu à la Gare de Garges-Sarcelles avant les vacances de février. Le 3e forum de l’éducation prioritaire qui se déroulait le 7 mars à l’ESPÉ de Cergy a aussi été l’occasion avec le collectif Bezons-Argenteuil de fortifier ce collectif autour de pratiques unitaires et solidaires pour faire entendre le ras-le-bol des parents et des personnels de l’éducation prioritaire devant le mépris de l’institution.
Prendre aux pauvres pour donner aux riches
Dans les quartiers populaires, il n’est pas nécessaire de disserter bien longtemps pour comprendre la nature de la politique que développe le gouvernement Macron. Alors que sous Hollande les Lycées étaient déjà sortis de l’Éducation Prioritaire et qu’aujourd’hui les réforme du Lycée, du BAC et Parcoursup tentent de faire accepter l’idée d’une éducation au service du tri social et de la sélection des élites, il devient difficile de continuer à fermer les yeux devant l’offensive générale menée contre l’éducation pour tou-te-s et le service public. La ficelle est trop grosse pour nous duper : il s’agit bien de mettre l’école au service des intérêts économiques privés et d’enclencher le grand chantier de privatisation du service public d’Éducation par l’intégration des logiques de rentabilité et la mise en concurrence des établissements.
Privatisations, marchandisation, remise en cause du statut de fonctionnaire et des missions de service public, mise en concurrence des agent-e-s, précarisation accrue et assumée… Les attaques sont nombreuses et témoignent d’une grande cohérence du gouvernement dans sa politique en faveur des plus riches. Pendant que Macron supprime l’ISF, on pénalise les fonctionnaires et les retraité-e-s avec la hausse de la CSG. Alors que l’on a détruit le code du travail pour faciliter les licenciements dans le privé, on désigne les fonctionnaires comme privilégié-e-s. Tandis que Bernard Arnault devient 4e fortune mondiale en gagnant 800 euros par seconde en 2017, on nous fait comprendre que nous devons faire des sacrifices et accepter la destruction des acquis sociaux gagnés par les luttes depuis un siècle.
En grève, le 22 mars et après
Pour nous, il est plus que temps de cesser les lamentations et de relever la tête ! Construisons partout des luttes collectives pour rompre avec l’isolement et redévelopper les services publics, en particulier dans les quartiers populaires.
Tous et toutes en grève le 22 mars avec les fonctionnaires jusqu’au développement d’un véritable mouvement public-privé permettant de stopper net les politiques antisociales menées par le gouvernement Macron.
Sud Éducation 95 exige :
- L’acceptation d’une audience collective pour les établissements de Garges et de Sarcelles
- Une hausse significative des moyens dans les établissements scolaires et des recrutements de titulaires en fonction des besoins
- Des effectifs à 20 élèves par classe en éducation prioritaire pour améliorer le suivi et faciliter le travail pédagogique.
- Une baisse du temps de travail significative pour tou-te-s.