Le 24 octobre 2018, Charline Avenel a pris la place de Daniel Filâtre au poste de Recteur de l’académie de Versailles. Si son statut ne la prédestinait pas à en arriver là, Mme Avenel a pu compter sur ses réseaux.
Petits arrangements entre amis
En effet, les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont publié le 3 octobre dernier, un décret « portant modification des modalités de nomination des recteurs » afin de « diversifier le recrutement des recteurs ». Ce décret a élargi le nombre de non-titulaires d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) autorisés à occuper ces postes. De 6 sur 30 avant le 3 octobre, ce sont 12 personnes sans HDR qui peuvent dorénavant prétendre à ces fonctions.
Ancienne camarade d’Émmanuel Macron dans la promotion Senghor à l’ENA, Mme Avenel a tiré le gros lot en arrivant à Versailles, la plus grosse académie de France avec plus d’un million d’élèves.
Secrétaire générale de Sciences-Po avant cela, elle a pu compter sur la validation d’une commission dirigée par un membre du conseil d’État auquel appartient Édouard Phillipe, mais dans laquelle on trouve aussi le directeur de Science-Po. Autant dire que l’entretien d’embauche n’a pas dû être trop stressant.
Un retour dans le monde de l’Éducation nationale
Sous Sarkozy, Mme Avenel était directrice adjointe du cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse. Elle a pu faire ses armes en participant à la mise en place la LRU, la loi d’autonomie des Universités qui avait donné lieu à deux forts mouvements dans les facs contre ces prémices de privatisation. Elle a ensuite travaillé au cabinet de Laurent Wauquiez, toujours au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Avec le Ministre Blanquer qui était DGESCO durant le même quinquennat, on mesure à quel point le prétendu nouveau monde vanté par Macron nous rappelle amèrement l’Éducation Nationale des sombres années Sarkozy.
Des postes de plus en plus politiques
N’ayant jamais dirigé une académie, on pourra apprécier le beau cadeau que Macron a réservé à sa camarade. Mais dans le contexte attendu de fusion des académies, on est aussi en droit de s’inquiéter quant à ce système de copinage et aux enjeux politiques qui ne manqueront pas d’être palpables lorsqu’il faudra nommer le « super Recteur » d’une académie Versailles-Créteil-Paris.
Plutôt que de favoriser le travail local et la connaissance des dossiers, le Ministère risque de persister dans ses petits arrangements et sa politique libérale-réactionnaire.
SUD éducation avait voté contre cette proposition de modification de la nomination des Recteurs au CSE, et continuera à combattre les attaques de la hiérarchie quelque soit son mode de nomination : issue du sérail, des réseaux de copinage ou du monde de l’entreprise.