Communiqué des syndicats SUD éducation d’Île-de-France
Cela pourrait paraître étrange de ne pas voir figurer la signature de Sud éducation sur l’appel qui fait suite à l’intersyndicale du vendredi 5 avril. Dans un contexte de colère et de mobilisations des personnels de l’éducation et des parents d’élèves, il
ne s’agit pas d’une défection. Bien au contraire !
À l’heure où l’ampleur et le nombre de réformes n’ont jamais connu de précédents dans le système éducatif, les syndicats Sud éducation d’Île-de-France considèrent que cet appel n’est pas à la hauteur des responsabilités syndicales et des attentes des personnels et usager-e-s.
Si nous sommes mobilisé-e-s contre la loi sur l’école de la confiance, nous nous opposons aussi aux autres réformes : réforme du lycée GT, réforme du lycée professionnel, réforme du Bac, Parcoursup, baisse des DHG, hausse des frais de
scolarité pour les étudiants étrangers en université. C’est une question de cohérence car ces réformes participent toutes à la destruction du service public d’éducation, à sa privatisation et à la mise en œuvre d’une école de la sélection, du tri social et de l’exclusion.
En effet, comment l’intersyndicale peut-elle déplorer la fermeture des CIO sans dénoncer la réforme du lycée GT qui attribue aux enseignant-es la charge et le suivi de l’orientation des élèves ? Comment peut-on défendre le métier d’enseignant-e sans constater l’impact délétère de l’ensemble des réformes sur les conditions de travail de nombreux personnels et sur le bien-être des élèves ? Comment s’opposer à la casse du système public d’éducation si l’on ne voit pas les tenants et aboutissants, de la maternelle à l’université, de la politique éducative libérale du gouvernement ? Ces questions, et leurs réponses sont malheureusement absentes de cet appel intersyndical.
L’intersyndicale ne prend pas suffisamment la mesure de certaines situations et de l’urgence d’une réaction majeure. Les mobilisations existent et les collègues sont d’ors et déjà plus qu’investi-e-s dans la lutte. En témoignent les AG locales,
départementales et régionales ; les écoles et les établissements fermés ; et surtout les perspectives et la construction d’une grève reconductible. La grève, notamment reconductible, nous semble le levier le plus puissant pour renverser les certitudes réactionnaires de Blanquer.
Si les actions proposées et soutenues par l’intersyndicale ne nous semblent pas inutiles et accessoires, elles doivent s’inscrire dans un durcissement du mouvement. On ne peut pas espérer, par exemple, une grande mobilisation le jeudi 18 avril en ajoutant timidement « y compris par la grève »… L’heure n’est pas seulement au soutien mais à une riposte syndicale et militante massive face aux enjeux insuffisamment développés ou ignorés dans l’appel intersyndical.
Notre objectif n’est pas de rompre l’unité syndicale. Pour nous, elle existe et trouve tout son sens dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités où nos militant-es sont en lutte, où les personnels s’inquiètent du devenir de l’école et
de leurs métiers. Notre absence de signature ne signifie pas non plus que nous nous retirons de l’intersyndicale ; nous avons des points d’accord et des analyses comparables avec certains syndicats. Mais nous continuerons avant tout à y
participer pour donner plus de sens et plus de forces aux luttes en cours et à venir, en adéquation avec les aspirations de celles et ceux qui se mobilisent au quotidien contre les réformes.
Le 10 avril 2019
Les syndicats Sud Éducation 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95