Le 14 octobre, nous avions écrit une lettre ouverte adressée au DASEN du Val d’Oise, à la Rectrice de Versailles, au Ministre de l’Education nationale et au Président de la République.
Le vendredi 29 novembre, à la nuit bien tombée, le DASEN du Val d’Oise, Hervé COSNARD nous invita dans un lieu magique (mais éloigné de tout), pour papoter des violences qui ont eu lieu sur notre département. Nous aurions certes préféré une invitation de « Manu » à l’Elysée mais nous comprenons qu’en ce moment il a mieux à faire.
Enjoué-e-s donc à l’idée de passer notre vendredi soir en sa compagnie, nous nous étions échauffé-e-s avec sérieux.
Ça y est l’heure est venue ! Pas d’arbitre, mais une foule de spectateurs est là pour nous écouter : François-Sébastien DEMORGON, directeur académique adjoint des services de l’Éducation nationale et Valérie DAUTRESME , directrice académique adjointe.
L’équipe SUD éducation commence à mener le jeu. D’arguments en arguments, le jeu est fluide entre les joueurs de l’équipe SUD éducation. Un moment pour nous de faire le lien entre les violences et le manque de moyens. Établissements bondés, sureffectifs dans les classes, bousculade dans les couloirs, manque d’AED, mise en place des PIAL, inexistence de temps de concertation pour les équipes pédagogiques, absence de RSST et de CHSCT sont les causes d’un climat délétère, de la montée de violences et d’une grande souffrance chez les personnels. Nous avons également relevé les manquements de la hiérarchie, leur absence de réponses lorsque nous les alertons sur les situations locales problématiques, leur mépris quand ils-elles se rendent dans les établissements à la suite d’incidents. Étonnamment, notre hiérarchie n’aime pas beaucoup qu’on lui rappelle l’article 4121-1 du Code du travail l’obligeant à assurer la sécurité et à protéger la santé de ses salariés.
La balle est alors dans le camps du DASEN. Celui-ci nous rassure sur le fait qu’un CHSCT s’est tenu après le suicide de l’agent de Fosses afin de mener une enquête sur le possible lien avec son travail. Apparemment, « secret défense », la hiérarchie ne peut communiquer sur cela, les collègues n’ont pas à savoir ! Allez, on est fair-play : 1-0 pour lui. Après tout, nous ne sommes que des collègues, et des suicides dans l’Education nationale il n’y en a pas tant que ça … !
« Hervé » sort son chrono pour nous rappeler le temps. Pas une minute additionnelle sera accordée, alors on ne lâche rien. Le DASEN nous explique que l’augmentation des AED dans les couloirs n’aurait pas évité ces incidents. Nous avions pourtant révisé nos circulaires. N’est-il pas logique que plus des personnes « pour exercer des fonctions d’assistance éducative notamment pour l’encadrement et la surveillance » seront présentes dans un établissement, moins il y aura de soucis ? Moins les professeurs n’auront à répéter à des élèves d’enlever leurs casquettes et leurs écouteurs et donc moins le climat sera tendu ? D’autant que les AED n’ont pas les même rapports avec les élèves que les professeurs et que ceci favorise grandement, un apaisement des relations. Comme il nous le précisa plusieurs fois, le DASEN n’a pas la même logique que nous. « Je vais vous dire une chose, quand des professeurs se permettent de toucher les élèves, de leur arracher leur casquette ou leurs écouteurs, il n’est pas étonnant que cela pose problème » . Abasourdi-e-s par ce que l’on vient d’entendre, celui-ci se sent obligé de rajouter « bien évidemment ceci est intolérable et rien ne légitime cela ». Ouf, nous sommes rassuré-e-s ! Quand on enlèvera tous les personnels qui agressent les élèves, il n’y aura plus de violence !
Épuise par le long marathon que fut cet entretien, « Hervé » nous avoua qu’il ne voyait pas bien ce que nous faisions tou-te-s là. Il ne pouvait rien pour nous : « Vous qui avez sûrement plus le temps que moi de vous tenir au courant, vous devriez savoir que je ne peux rien faire pour vous ». Nous avions pourtant bien d’autres choses à faire que de perdre du temps à entendre dire cela ! Nous avons une grande compassion pour notre adversaire et nous lui conseillons de se reposer, lui qui travaille beaucoup plus que nous, et de ne pas s’épuiser en accumulant les enquête
sur le climat scolaire ou autres fantaisies, car apparemment elles ne mènent à rien. Il donne le coup de sifflet final par une phrase qui restera dans l’Histoire « Si vous voulez changer les choses, vous avez un bulletin de vote et une déclaration d’impôt ».
SUD éducation jouera les prolongations ailleurs ou à un autre moment et continuera de pointer le mépris de notre hiérarchie et de revendiquer une hausse des moyens, une augmentation du nombre d’AED et d’AESH, une meilleure formation de tous les personnels, la construction de nouveaux établissements scolaires dans notre département, une diminution des effectifs dans les classes, la mise en place de vrais temps de concertation entre les équipes pédagogiques…
Au-delà de la formulation humoristique de ce communiqué, nous avons été particulièrement surpris-e-s par un mépris si radical de la part de notre hiérarchie, complètement coupée du terrain, et embourbée dans ses calculs mathématiques pour justifier le climat tel que nous le connaissons à l’heure actuelle dans le Val d’Oise. Nous avons alerté sur la situation explosive du département et nous regrettons de ne pas avoir été entendu-e-s. Que faut-il donc pour comprendre que la formation de la « nouvelle génération » n’est pas de l’argent gaspillé mais bien un droit pour les élèves et un investissement à terme pour notre pays ?
« Manu », « Jean-Mi », on vous a écrit à vous aussi ! D’après « Hervé », c’est vous qui pouvez faire quelque chose pour nous ! A quand le déjeuner à l’Élisée ?