Comme à Sarcelles, le Lycée Simone de Beauvoir de Garges était mobilisé aujourd’hui face aux baisses de moyens. Après cette première journée réussie, la grève est reconduite.
Voici la tribune et le tract publiés par les collègues.
Jusqu’à quand, Jean-Michel Blanquer, abuseras-tu de notre patience ?
« La confiance est un état d’esprit indispensable si nous voulons transmettre à nos enfants l’essentiel, la confiance en leur réussite et en leur avenir. Or, nous devons avoir à l’esprit que notre École ne réduit pas encore suffisamment les inégalités sociales »
Projet de loi pour une école de la confiance,Lettre de Jean-Michel Blanquer aux professeurs, juin 2020
Monsieur Blanquer, l’école ne réduit pas les inégalités car votre politique les accentue.
En 5 ans, l’institution s’est efforcée de supprimer toutes les traces de son volontarisme d’antan en abandonnant sans vergogne les politiques promouvant l’égalité des chances, vestige d’une époque où le mot « prioritaire » avait encore un sens.
Le nombre d’élèves par classe augmente inlassablement. Les uns sur les autres ils s’entassent, observant incrédules les efforts des professeurs pour les accompagner au mieux dans leurs apprentissages.
En effet, depuis des années les scientifiques s’évertuent à rappeler ce que le bon sens préconise : réduire la taille des classes engendre des effets positifs sur la réussite scolaire, a fortiori dans les milieux défavorisés1. Le coup de grâce fut porté par l’OCDE qui, dans son rapport comparatif des systèmes scolaires en 2021, met en évidence le poids de l’origine sociale dans les résultats des élèves français. Notre institution se démarque des autres comme étant la plus inégalitaire de tous les pays étudiés !
Ainsi, il paraît de bon ton de revenir sur ce qui devait être le fondement de votre politique éducative : l’égalité des chances.
Chantre de la méritocratie, il n’est pas un discours sans que vous ne la mentionniez. Dans un système méritocratique, les inégalités de fait ne se justifient que si l’égalité des chances existe et que les places procurant le plus d’avantages sont accessibles à tous, à compétences égales.
Par conséquent, ces inégalités ne sont justes que si elles profitent aux plus défavorisés, afin de permettre une compétition équitable récompensant véritablement le « mérite ». C’est le principe de différence.
Or, dans notre société « il existe des différences sociales, une inégalité des chances et c’est tout notre travail de compenser ces disparités par des politiques d’éducation et de jeunesse. » Cette phrase, Monsieur Blanquer, c’est la vôtre.
Dès lors, comment justifiez-vous l’effondrement des moyens alloués à notre établissement ces cinq dernières années ? Comment justifiez-vous la fin programmée de l’éducation prioritaire qui « compensait ces disparités » ? Que vous faut-il pour « mériter » de récupérer les moyens que vous nous n’avez régulièrement retirés ?
Si « la confiance est un état d’esprit indispensable »au bon fonctionnement de l’école républicaine, cette dernière est sur le point de vaciller car en l’état actuel des choses, il faut le dire sans ambages, vous nous avez menti.
Monsieur Blanquer, nous avons patienté cinq années durant, c’en est trop.
« Vous devez avoir à l’esprit que l’école ne réduit pas encore suffisamment les inégalités sociales. »
En vous priant de croire en notre attachement le plus sincère à la mission de service public,
Les enseignants en grève du lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse.
1 T.Piketty, M. Valnedaire, L’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire dans les écoles, collèges et lycées français, 2006, et Institut des Politiques Publiques, 2017.
Tract-Greve-du-7-mars