Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, s’en est pris au statut des fonctionnaires… propos polémiques.
La bombe, le recadrage, le démenti. Emmanuel Macron a trouvé sa façon de faire de la politique et ne s’en lasse pas. Vendredi, il a appliqué sa recette à un sujet sensible : le statut des fonctionnaires.
Acte I. Invité du think tank « En temps réel », le jeune ministre déclare : « On va progressivement entrer dans une zone – on y est déjà d’ailleurs – où la justification d’avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus sera de moins en moins défendable. »
Acte II. François Hollande se démarque immédiatement. Décorant un fonctionnaire à la préfecture de Corrèze, le chef de l’État loue en lui « un fonctionnaire d’État, un fonctionnaire attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut ».
Acte III. Dans la soirée, le ministre revient sur ses propos : « A aucun moment je n’ai parlé d’une réforme du statut de la fonction publique que le gouvernement envisagerait. Les propos partiels rapportés donnent une vision déformée de ma pensée. Il ne peut y avoir aucune polémique à ce sujet. »
Le précédent des 35 heures
Il y a un moins d’un mois, Emmanuel Macron avait usé de la même stratégie pour consolider son image de ministre « réformateur-briseur-de-totems ». A l’université d’été du Medef, il avait critiqué les 35 heures mises en place par le gouvernement Jospin avant d’essuyer un recadrage de Manuel Valls, qui avait conduit le ministre de l’Economie à nuancer ses propos. Il faut noter que le cadre de la sortie polémique importe également : le Medef pour les 35 heures, un think tank qui entend « préparer les nouvelles régulations et exigences de la mondialisation ».
Au fil des mois, Emmanuel Macron a affiné son plan de communication. Ainsi, en janvier, pour faire l’éloge du libéralisme et de l’entrepreneuriat, il rêvait d’une France où « les jeunes auraient envie de devenir milliardaires ». La petite phrase avait fait l’objet de vives critiques à la gauche de la gauche, mais pas au-delà. Les 35 heures et le statut des fonctionnaires sont des sujets beaucoup plus consensuels à gauche, des totems bien plus grands. S’y attaquer permet de recueillir un écho plus puissant, y compris à droite.
Projet Macron : diviser !
Défendant son idée d’une société divisée entre « insiders et outsiders », des gens très protégés et d’autres sans aucune protection, Emmanuel Macron avait affirmé plus tôt : « Je ne sais pas justifier que quelqu’un qui travaille dans la cybersécurité dans une PME soit un contractuel en CDD et que quelqu’un qui travaille, par exemple, dans mon ministère dans le développement économique doit être un fonctionnaire ». « Il n’y a plus de justification fonctionnelle à ça ».