En mai dernier, Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, encourageait dans une lettre les responsables académiques à fournir aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) les annuaires des établissements :
« Je tiens à vous confirmer qu’il n’y a pas de réserve générale sur l’usage des outils liés aux environnements professionnels chez les grands fournisseurs de service du Web (GAFAM et autres) dans la mesure où ils rentrent bien dans les services couverts par les conditions générales d’utilisation CGU « éducation »… Par ailleurs, je vous confirme qu’il n’y a pas de blocage juridique de principe à la connexion d’un annuaire avec l’un de ces services professionnels ».
Pour Sud Éducation 95, ces propos sont inacceptables et illustrent la marchandisation croissante du Service Public d’Éducation.
Bien plus inquiétant encore, M Jeandron a déclaré après une entrevue avec des syndicats qu’il envisageait de confier la gestion de la base élève à des prestataires privés ! Cela signifierait qu’en plus d’être fichés par l’État dès leur plus jeune âge, tous les enfants scolarisés seraient identifiés et suivis par des entreprises dont le seul objectif est le profit généré par la publicité ultra-personnalisée.
Cette information pose de graves problèmes éthiques et politiques car s’engager dans cette direction transformerait l’école publique en prestataire de régies publicitaires. On est aussi en droit de se demander quelle place nous réserverions au libre arbitre de nos élèves dans une telle configuration, quelle chance de résister à la folie consumériste lorsqu’un Google ou un Facebook les connaîtra mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Le modèle de gratuité supposée de certaines de ces entreprises masque
une collecte massive des données personnelles dans l’objectif de constituer de gigantesques fichiers commerciaux alimentant les publicités personnalisées en ligne. Depuis quelques années, ce sont également les candidats aux élections politiques qui se saisissent de ces informations pour mieux influencer leurs potentiels électeurs (campagnes Obama, Hollande, Macron…). L’affaire Snowden aux Etats-Unis a également révélé les connexions entre services de renseignements et grandes entreprises du web faisant de ces dernières des auxiliaires de police.
Pétrole du XXIe siècle, les données personnelles doivent aujourd’hui être davantage protégées par le cadre légal, mais ce sont aussi nos choix d’outils informatiques qui nous permettront d’en reprendre le contrôle. Les logiciels libres sont à cet effet les outils les plus indiqués pour développer notre indépendance face aux multinationales du numérique.
Face à cela, Sud Éducation 95 dénonce avec la plus grande fermeté :
- Les propos de M. Jeandron ainsi que les manquements du Ministère, qui s’était engagé à donner la priorité aux logiciels libres.
- L’accord Éducation Nationale – Microsoft Irlande de 2015 ne fait que faciliter l’évasion fiscale de cette multinationale et formater les élèves à ses outils.
- Les politiques de développement du numérique dans l’éducation uniquement fondées sur des impératifs économiques et non pédagogiques.
Sud Éducation 95 revendique :
- L’arrêt des politiques de fichage des élèves comme avec Base élèves, le LSU…
- L’abandon de l’idée d’ouverture des bases de données des établissements aux GAFAM.
- L’utilisation systématique des logiciels libres dans l’Éducation Nationale et, de façon générale, dans la fonction publique.
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