Malgré de nombreuses alertes déposées par les syndicats concernant les conditions sanitaires de rentrée et les demandes d’un indispensable temps d’échange et de concertation avant l’hommage à Samuel Paty, le ministère a franchi toutes les lignes rouges en écartant d’un revers de main les besoins fondamentaux des personnels. Aujourd’hui, nous avons été nombreux et nombreuses à ne pas pouvoir assurer nos cours face aux élèves car nous étions désemparé.e.s et en colère face au mépris qu’a exprimé l’Institution à notre égard. Dans plusieurs établissements, les équipes se sont réunies en AG, allant jusqu’à se mettre en grève spontanée. Partout le constat est le même : celui du mal-être grandissant de la profession.
Au-delà de la suppression symbolique de l’hommage à notre collègue assassiné, c’est également un non-sens pédagogique devant lequel nous nous sommes retrouvé.e.s, ne sachant pas comment aborder la thématique avec les élèves. Il est important de signaler que nous avons, par contre, parfaitement reçu les consignes visant à dénoncer un.e élève ne respectant pas la minute de silence.
Rajoutons à cette situation déjà angoissante l’annonce de dernière minute d’un protocole sanitaire incohérent et insuffisant face à la crise sanitaire que nous traversons actuellement. Alors que les regroupements de personnes sont limités un peu partout, il est difficile de comprendre pourquoi élèves et personnels de l’Éducation nationale n’ont aucune adaptation particulière si ce n’est un peu de gel hydroalcoolique, lorsqu’il y en a, le port du masque et des consignes d’aération déjà en vigueur depuis septembre. De qui se moque-t-on ? Le 29 octobre, le ministre annoncé « un protocole renforcé » alors que le protocole précédent n’était même pas respecté (absence de lingettes, personnel d’entretien non-remplacé laissant des salles de classe dans un état critique, etc.). Des mesures importantes comme la distanciation d’un mètre ou la limitation du brassage des élèves sont soumises à cette seule contrainte : « lorsque c’est possible ». Cela permet au ministère de se dédouaner de toute faute sans pour autant écarter le danger réel de la circulation du virus et de la contamination.
Nous ne pouvons plus accepter cet acharnement du ministre ni ses sorties médiatiques mensongères et empruntes d’autosatisfaction.
Afin d’exprimer notre colère face au mépris continu du ministre Blanquer, et d’obtenir les moyens nécessaires à l’application d’un réel protocole sanitaire, nous appelons tous les personnels à se mettre massivement en grève le jeudi 5 novembre et à décider collectivement des suites du mouvement.
Sud éducation 95 exige :
● Le dédoublement de toutes les classes avec emploi du temps adapté conformément au plan de continuité pédagogique prévu en juillet et qui n’a jamais été appliqué
● Un protocole sanitaire strict, avec la fourniture immédiate du matériel nécessaire : masques réellement protecteurs (FFP2) et gel mis à disposition, aération et désinfection des locaux effectués par des personnels équipés et en nombre suffisant
● La protection des personnels : et respect de la liste des personnels vulnérables rétablie par le Conseil d’État à la date du 5 mai 2020. Communication transparente des cas de Covid et automatisation des fermetures de classes et d’école en cas de personnels ou élèves positifs
● Le recrutement massif de personnels dès maintenant, en particulier en ayant recours aux listes complémentaires des concours, et en réabondant les listes complémentaires lorsque cela s’avère nécessaire.
● L’encadrement et moyens nécessaires à l’enseignement à distance : celui-ci doit se faire dans le cadre strict des obligations statutaires, avec un matériel fourni immédiatement aux personnels et aux élèves, et une indemnisation des frais liés au télétravail