Un constat alarmant
Il faut être en mesure de nommer les violences et le harcèlement LGBTQIphobes, racistes, sexistes, validistes que subissent certain·es élèves, comme Dinah, jeune fille racisée et lesbienne, qui s’est suicidée en 2022. En France, 10% des élèves (soit environ 700 000 élèves) sont victimes de harcèlement. Les tentatives de suicide et les pensées suicidaires sont plus élevées chez les victimes de harcèlement scolaire (12 % et 36 %). 25% de l’absentéisme concerne des élèves victimes de harcèlement.
Les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire tuent. Les jeunes victimes d’homophobie et de transphobie sont 2 à 7 fois plus touché·es par le suicide que les autres jeunes.
La lutte contre le harcèlement doit relever de dynamiques professionnelles collectives au sein des établissements. À ce titre, il faut du temps et de la concertation pour échanger entre collègues, construire des projets et améliorer le climat scolaire.
Il est à déplorer que l’Éducation nationale concentre son action sur la communication au détriment des mesures concrètes et nécessaires, que les personnels et les familles attendent.
Le tapage médiatique
La lutte contre le harcèlement fait, depuis la rentrée de septembre, l’objet d’un « plan ministériel ». SUD éducation s’est déjà exprimé à de nombreuses reprises pour rappeler que la lutte contre le harcèlement n’était pas assez prise en compte par l’institution et on ne reprochera donc pas au ministère de l’Éducation nationale de prendre enfin à bras le corps ce problème social majeur, qui a déjà fait de trop nombreuses victimes.
Un article récent de Mediapart va au-delà de la seule communication du ministre en faisant état de son inconséquence et de l’instrumentalisation de la lutte contre le harcèlement scolaire. Dans cet article, Médiapart pointe l’absence d’enquête sérieuse menée à la suite suicide de Lucas, le 7 janvier 2023. La mort de ce jeune adolescent de 13 ans, victime d’homophobie, avait bouleversé jusqu’aux larmes l’ancien ministre de l’éducation nationale à l’Assemblée. Pap Ndiaye y martelait alors que le harcèlement serait une grande priorité. Il avait, par la suite, convoqué toutes les organisations syndicales en juin suite à un autre drame, le suicide de Lindsay, au mois de mai 2023. Son successeur, Gabriel Attal annonce également en avoir fait sa priorité, aussi bien dans son discours de rentrée que dans son abattage médiatique à la suite au suicide de Nicolas en septembre 2023. Il a, à son tour, réuni toutes les organisations syndicales fin septembre pour aborder la problématique du harcèlement scolaire, et a lancé avec la première ministre Élisabeth Borne un « grand plan national de lutte contre le harcèlement scolaire ».
Ainsi, après chaque suicide, les ministres en exercice se lancent dans de grands exercices de communication. Le décalage entre ce tapage médiatique organisé par le ministre (présence dans les grandes chaînes, multiplication des discours solennels) et l’absence d’une politique conséquente de lutte contre le harcèlement et de l’attribution de moyens pour y faire face efficacement est indécent. La lutte contre le harcèlement scolaire se réduit, pour le ministère, à de grands coups de communication sur les réseaux sociaux et dans les émissions de télé.
L’échec du 9 novembre
Dans le cadre du plan ministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, les personnels ont été destinataires, pendant les vacances d’automne, d’un questionnaire à faire passer à l’ensemble des élèves du CE2 à la terminale dès la semaine de la rentrée, à partir du jeudi 9 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école. Le ministère a refusé de prendre au sérieux les remarques des organisations syndicales : cette date et cette diffusion était incompatible avec la nécessité de la tenue de discussions collectives au sein des équipes éducatives et ne permettait aucune appropriation collective.
Pour le ministère, les personnels devaient encore se mettre en marche en un claquement de doigt ou parce qu’il le décrète du haut de sa tour d’ivoire. Une prise en charge sérieuse des problématiques de harcèlement qui continuent de tuer, cela nécessite du temps et des moyens en conséquence. La journée du 9 novembre a été un échec malgré l’engagement des équipes sur le terrain, et les heures n’ont pas été banalisées dans tous les établissements.
Pour lutter contre le harcèlement scolaire, SUD éducation 95 demande la réduction des effectifs dans les classes et des établissements à taille humaine.
SUD éducation 95 revendique davantage de personnels médico-sociaux avec notamment une infirmière et une assistante sociale par établissement et l’accès aux visites médicales auxquelles ont droit tous les élèves.
Avec un médecin pour 12 000 élèves, l’accompagnement médical des élèves est très insuffisant.
Actuellement les élèves peuvent bénéficier de 8 séances gratuites chez le psychologue. Faute de moyens beaucoup de familles cessent le suivi après les 8 séances.
SUD Education 95 revendique la prise en charge et le remboursement complet des soins psys par la sécurité sociale pour tous et toutes